"Je suis à bord depuis plus de six mois et je ne sais pas quand je rentre à la maison. C'est très dur." Burnet Dito, chef officier sur le bétailler philippin l'Alondra à quai au port de Sète prend son mal en patience. Il a l'habitude, en tant que marin professionnel, des missions de plusieurs mois pour livrer le bétail dans le monde entier.
Mais là, c'est la première fois que le voyage est si long et l'avenir si incertain. 200.000 marins sont actuellement confinés à bord de leurs navires partout dans le monde.
Cette situation est une conséquence directe de la crise du Covid-19. Les relèves d'équipage sont rendus très difficiles pour plusieurs raisons : pas assez de vols commerciaux pour les retours à la maison des marins, fermetures des frontières, mises en quarantaine imposées par certains pays. Certains Etats dont la France et l'Organisation Maritime Internationale s'inquiètent du sort de ces professionnels de la mer.
Les associations d'accueil des marins tentent eux aussi de faire pression pour que les pouvoirs publics se mobilisent sur cette question. Comme à Brest, l'association Seamen's club à Sète qui vient en aide aux marins a écrit un courrier au député de circonscription Christophe Euzet pour qu'il se saisisse en urgence du dossier.
Les relèves d'équipage rendues difficiles
Il y a peu de places dans les avions, les billets sont chers et les correspondances ne sont pas toujours évidentes à trouver. À cela s'ajoutent les quatorzaines imposées par certains pays. Par exemple, "les Philippins de retour chez eux sont placés en confinement, à l'hôtel , à leurs frais" explique Hélène Sheffer, présidente du Seamen's club de Sète, c'est très compliqué pour eux. Les règles internationales imposent un maximum de 12 mois à bord d'un navire commercial.
Or des milliers de marins, hommes et femmes, ont dépassé 15 mois à bord, c'est-à-dire, 15 mois de travail, sur un même lieu, loin des siens, avec des rythmes très intenses, 60 heures par semaine avec peu de repos à bord. Certains sont très fatigués et très inquiets. L'attente sans fin les pénalise beaucoup."
Jusqu'à 15 mois à bord pour certains marins
Une situation d'autant plus difficile que, bien souvent, les marins ne mettent pas un pied à terre. Jean-Luc, salarié du Seamen's club fait le lien avec eux "on leur vend des cartes téléphones pour qu'ils puissent joindre leurs familles dès qu'ils arrivent à quai" Jean-Luc fait le tour des navires chaque jour.
Habituellement, ce sont les marins qui se déplacent jusqu'au local du seamen's club où ils peuvent trouver le wifi gratuit, un baby-foot ou des infos sur la région "mais avec le coronavirus, les marins n'ont pas l'autorisation de descendre ou préfèrent ne pas descendre lorsqu'ils y sont autorisés". D'après Jean-Luc, les armateurs préfèrent ne prendre aucun risque.
Un premier sommet à Londres début juillet
Le 9 juillet dernier, Londres a accueilli le premier sommet maritime international sur les relèves d’équipage en présence des ministres et autorités chargés des ports et des transports maritimes, ainsi que l’Organisation maritime internationale et d’autres agences multilatérales. Certains Etats, dont la France, demandent à ce que les changements d'équipages soient facilités, que des vols commerciaux pour les marins soient spécifiquement organisés.
August 04, 2020 at 11:33AM
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Coronavirus : des marins confinés à bord de leurs navires depuis plusieurs mois sont à quai au port de Sète - France Bleu
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